‘‘Nous ne partageons pas d’informations et chaque structure, en quête d’intérêts personnels, vient empiéter sur les responsabilités des autres structures de gestion des conflits communautaires’’ dit NIZIGAMA François, chef de colline CAMUMANDU en commune Rutegama, lors d’une réunion de médiation organisée par le groupe de dialogue permanent (GDP) en faveur des leaders communautaires mis en place par le CENAP depuis 2012. Ce cadre inclusif de Rutegama, en collaboration avec l’administration locale, a réuni les trois principales structures de résolution des conflits locaux de cette localité, pour qu’elles échangent sur leur différend.
On parle ici des comités mixtes de sécurité les Bashingantahe et les élus collinaires qui ne parviennent point à s’accorder sur les procédures de gestion des conflits qui leur sont confiés par la population. Le problème est plus prononcé dans 7 collines de la commune Rutegama où ces structures ne parviennent pas à s’entendre sur une approche de gestion commune ou individuelle de ces conflits, conformément aux obligations ou responsabilités de chaque structure.
Dans un cadre neutre et sous la facilitation du bureau du GDP Rutegama, les membres des trois structures ont exprimé, à cœur ouvert, les raisons de leur mésentente liées principalement aux intérêts matériels : la récompense matérielle offerte par les parties en conflit (la bière traditionnelle connue sous Agatutu k’abagabo) qui ne serait pas partagée entre ces structures. Aussi, chaque structure s’arroge le droit d’imposer une amande qui va au-delà de la valeur du forfait commis au grand désarroi de la population. Après que chaque structure ait exprimé son point de vue sans gêne, les représentants de ces trois groupes ont compris qu’il fallait un cadre d’échange pour déterminer les responsabilités des uns et des autres ainsi que les points de rencontre de leurs obligations.
Après une réflexion en groupes homogènes, les comités mixtes de sécurité, les élus locaux des 7 collines et les Bashingantahe se sont convenu de respecter le rôle qui revient à chacune de ces trois structures, de collaborer en cas de conflit et surtout de rester en contact à travers des cadres d’échange réguliers (au moins une fois le mois). Ces cadres d’échange offriront des occasions de s’informer mutuellement et de se rappeler du rôle qui revient à chaque structure. Pour concrétiser ces résolutions, les participants se sont fixés un autre rendez-vous au mois de Juillet 2019 pour faire le suivi des engagements pris. Il a été souligné aussi la nécessité d’associer les chefs collinaires qui représentent l’administration et qui rendent compte à l’administration centrale de la commune.
Le GDP Rutegama, en initiant cette action, s’est inspirée de la formation sur la médiation dont il avait bénéficié quelques jours avant. C’est aussi un signe de participation citoyenne des leaders communautaires dans la gestion de leur communauté. Cette initiative nous montre aussi la capacité qu’a le GDP de pouvoir offrir un espace objectif et sécurisé pour aborder des questions potentiellement polémiques entre les Burundais.